dimanche 11 janvier 2009

Fable du Président et du Ministre

Le Président et le Ministre


LE PRESIDENT

Entrez-donc mon ami et venez prendre place

Afin de me conter ce qui vous embarrasse

La réforme est lancée, elle avance à grands pas

Mais je vois bien qu’à tous celle-ci ne plait pas.

Aussi voudrais-je entendre de votre propre bouche

Pourquoi les enseignants prennent ainsi la mouche.


LE MINISTRE

Mon bienfaiteur et Prince ne vous alarmez point

Voyez comme en ces temps je sais rester serein.

J’ai fait ce qu’il fallait et fait preuve d’audace


LE PRESIDENT

Allez contez moi donc je ne tiens plus en place !


LE MINISTRE

J’ai d’abord pour vous plaire modifié les programmes

Pour faire des élèves des besogneux sans âme.

Ils se feront gaver du matin jusqu'au soir

Et n’auront plus de sens à donner au savoir ;

Voilà qui nous fera des citoyens dociles

Qui ne s’attacheront qu’à des choses futiles.


LE PRESIDENT


Fort bien, les programmes sont un bel artifice

Pour manœuvrer les gens non sans quelque malice.

Voyez ce que je fis pour prendre le pouvoir

Promettant des réformes, n’en disant que très peu,

Pour qu’une fois reçu l’aval des isoloirs

Je puisse me sentir libre et faire ce que je veux !

Mais veuillez donc poursuivre votre plan de disgrâce

Car je veux tout savoir !


LE MINISTRE

Voilà ce qui se passe :

Je commence par rayer en trois ans les RASED

Et pour tromper les gens sur le maintien de l’aide

Je laisse aux enseignants l’entière liberté

De s’occuper tous seuls de la difficulté.

Ils auront pour cela comme unique bagage

La chance de pouvoir faire quelques journées de stage !

J’ai enlevé deux heures d’école par semaine

Mais évidemment pas pour ceux qui mal apprennent :

On dit la journée de trop longue durée

Qu’il faudrait réformer notre calendrier

Et moi je vous dis qu’il en faut d’avantage

Et qu’il faut les forcer même jusqu’au gavage !



LE PRESIDENT

C’est à n’en point douter une idée fort plaisante,

Le mérite sera la seule valeur payante !








LE MINISTRE

Pour ceux qui veulent apprendre de maître le métier

Je les envoie le faire à l’université.

Voyez l’inanité d’une bonne formation

Nous qui n’avons besoin que d’agents et de pions !

Cela vous plait-il ?


LE PRESIDENT


Assurément je pense,

Mon humeur est ravie et elle est d’importance

Car c’est elle qui règle le cours de mes pensées

Qui font toujours écho à l’actualité.

Mon caprice me met dans des emportements,

J’ai des mots qui ne sont plus ceux d’un Président,

Je flatte ce qu’il faut des instincts les plus bas,

Parle plus en mon nom qu’en tant que chef d’état,

Sur toutes mes idées je veux qu’on légifère

Et ne supporte pas qu’on m’empêche de le faire.

Des médias je me sers et grâce à mon emprise

Ils me suivent au mieux dans toutes mes entreprises,

Enfin, si j’utilise les services de la presse

C’est parce qu’aux yeux de tous il faut que je paraisse.

Mais contez-moi encore votre train de mesures.


LE MINISTRE

De l’école en danger j’augmente la fêlure :

Il existe des classes que l’Europe nous envie

Accueillant les plus jeunes des enfants du pays.

Il serait opportun de les faire disparaître

Pour affecter ailleurs ce réservoir de maîtres

Qui ne font de leur temps que des couches changer

Et ne connaissent point les joies de la dictée.

Des enseignants en moins réduiraient nos dépenses

Et il n’y aurait plus de maternelles en France !

Afin de remplacer les absences des maîtres

Avec tous ceux qui veulent, une agence va naître.

Si celui qui remplace se trouve être plombier,

La chaudière de l’école il pourra réparer,

S’il est mécanicien et connait son affaire

Les voitures des collègues il pourra bien refaire,

Et si par de la chance il se trouve enseignant

Il pourra pendre en charge d’une classe les enfants !


LE PRESIDENT

Je reconnais bien là votre astuce admirable

Et votre esprit retors qui ne se sent coupable !

Cette école qui veut faire des citoyens

Il faut qu’à l’avenir elle n’en fasse rien !

Œuvrez donc mon ami, la tâche n’est pas mince

Car c’est l’éducation qui menace les Princes !!!!