vendredi 18 avril 2008

Finlande – France : les antipodes européens

Voici un article du café pédagogique:

Si tous les jours au Café on reçoit des ouvrages, certains arrivages
suscitent plus l'attention que d'autres. C'est le cas quand la
livraison du jour consiste en le programme de français du collège et
l'ouvrage de Paul Robert, La Finlande : un modèle éducatif pour la France ?

Evidemment rien de plus antithétique que ce rapprochement. Paul
Robert, agrégé et principal de collège, raconte sa découverte du
système finlandais. On sait que le pays peut s'enorgueillir
d'excellents résultats dans les enquêtes internationales. Ce qu'on
sait peut-être moins c'est que tout le système éducatif est conçu
pour éliminer le stress chez l'élève et le mettre toujours en
situation de réussite.

Ainsi le jeune Finlandais ignore toute sélection avant d'atteindre 16
ans. Jusque là on aurait eu du mal à le sélectionner puisqu'il n'est
pas noté. L'objectif annoncé est son épanouissement personnel, la
réussite scolaire n'étant qu'un élément du tableau personnel de
l'élève. Ajoutons que quand les notes apparaissent,par exemple au
lycée, on juge normal de donner la possibilité au jeune de choisir un
partie de son curriculum et de repasser les épreuves qu'il aurait
raté. Quand on demande à un lycéen finlandais ce qui l'a surpris lors
d'un séjour dans un établissement français il répond : "on ne faisait
que recopier tout le temps. Les profs dictaient un texte qu'on devait
noter tel quel et c'était tout le cours. On recopiait, on recopiait
comme si ça suffisait pour apprendre". C'est par ces méthodes que les
jeunes Finlandais affichent un niveau culturel nettement supérieur à
celui des jeunes Français.

Evidemment on est aux antipodes de l'idéologie qui sous-tend les
programmes du primaire et du collège. Là l'élève est appelé à
construire en autonomie, ici on assène les connaissances à l'état
brut. Là l'apprentissage se fait dans une liberté qui responsabilise,
ici on impose une progression rigoureuse où l'élève est passif. Là on
s'appuie sur la sympathie et l'épanouissement, ici on cherche à
transmettre l'autorité par la peur. Ici tout est organisé pour
sélectionner et éliminer, voir expulser l'étranger, là on aide à
sauter les obstacles et particulièrement on enseigne en langue
étrangère quand c'est nécessaire pour mieux intégrer.

On pourra nous objecter que la Finlande est un petit pays, que la
population y est moins hétérogène, que les tempéraments nationaux
sont différents. C'est oublier l'essentiel. La question que nous
adresse involontairement la Finlande ne tient pas tant à la
géographie qu'à l'histoire. Cette école qui regarde les jeunes avec
méfiance toujours, mépris souvent, haine parfois, qui fait du prof
gifleur un héros, la Finlande l'a connu. Elle l'a abandonné et s'en
portent bien. Nous, nous y revenons. Entre la Finlande et la France
ce ne sont pas les kilomètres qu'il faut compter mais les années perdues.

Paul Robert, La Finlande : un modèle éducatif pour la France ?, ESF
éditeur, 2008, 134 pages.
Présentation de l'ouvrage de P Robert
http://www.inrp.fr/vst/Ouvrages/DetailPublication.php?id=439

Aucun commentaire: